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Les musulmans et les musulmanes, les croyants et les croyantes, ceux et celles qui obéissent totalement, ceux et celles qui sont véridiques et sincères, ceux et celles qui font toujours preuve de patience, ceux et celles qui sont profondément recueillis, ceux et celles qui font l’aumône, ceux et celles qui observent le jeûne obligatoire, ceux et celles qui voilent leurs parties honteuses, ceux et celles qui ne cessent d’invoquer Dieu, ceux-là, Dieu leur a préparé une absolution et une récompenses énormes". Sourate 33 " Al Ahzâb " (Les Coalisés) verset 35.)
Sokhna Maïmountatou Mbacké ‘’Koubrâ’’ est certainement de celles là dont parle le Saint Coran.
Son ascendance
Sokhna Maïmountatou Mbacké ‘’Koubrâ’’ ou Sokhna Maïmountatou Kabîr est venue au monde en 1388 de l’hégire soit 1908 à Thiéyène au Djolof où son vénéré père Cheikh Ahmadou Bamba était en résidence surveillée après son retour d’exil de Mauritanie.
Sa vertueuse mère Sokhna Aminata Kanny Bousso est fille de Serigne Mboussobé qui est l’oncle de Cheikh Ahmadou Bamba et frère de Sokhna Mariama Bousso « Diâratu-l-Lâh ».
Sokhna Maïmountatou Mbacké ‘’Koubrâ’’ est la sœur aînée de Sokhna Khadidiatou Mbacké et de Serigne Abdoul Khadre Mbacké quatrième khalife général des mourides avec qui elle partage la même mère.
Education et Formation
Sokhna Maïmounatou fit ses études coraniques auprès de Serigne Dame Abdou Rahmane Lô à Dâroul calîmoul Khabîr (Ndâme). Après avoir mémorisé le saint coran elle retourna trouver son père et maître spirituel Cheikh Ahmadou Bamba à Diourbel. Après un premier test, le Cheikh lui ordonna encore de retourner auprès de Serigne Abdou Rahmane à Ndame pour parfaire la maîtrise et calligraphier de mémoire le Saint Coran.
Après avoir calligraphié la vulgate de mémoire, Serigne Abdou Rahmane la ramena auprès du Cheikh qui exprima une très grande satisfaction. On rapporte qu’en recevant le livre sacré qu’elle a calligraphié, Cheikh Ahmadou Bamba lui dit : « Maïmounatou tu as dissipé l’angoisse qui était dans mon cœur. »
Cette angoisse dont parle le Cheikh était née lors de son séjour en Mauritanie. Un jour Cheikh Sidiya Bâba lui avait présenté un mus’haf (exemplaire complet du saint coran) calligraphié par sa propre fille. Khadimou-r-Rassoul éprouva ainsi le vœu ardent d’avoir dans sa progéniture des filles qui feront ce que la fille de Cheikh Sidiya a fait. Par la grâce de Dieu ce vœu venait de se réaliser.
Un jour, un fils de Cheikh Sidiya avec une délégation quitta la Mauritanie et vint à Diourbel trouver le Cheikh. Ce dernier donna du mil et de la viande à Sokhna Maïmounatou et lui dit : « que toute personne qui ne t’a aidé à la calligraphie du coran ne te prête main forte dans la préparation du couscous ». Après avoir servi le délicieux plat à ses hôtes qui furent très contents, le Cheikh leur montra le livre sacré calligraphié par sa fille. Toutes les personnes présentes furent émues de la haute facture calligraphique du mush’af et demandèrent qui en était l’auteur. Il leur répondit : « c’est celle qui a préparé ce couscous qui a calligraphié cet exemplaire du Coran ». Il voulait par là montrer que sa fille maîtrisait le saint- coran mais elle avait également reçu une bonne éducation concernant les travaux domestiques notamment la préparation des repas.
La preuve de la satisfaction du Cheikh pour cet acte est que ce même jour, on annonça au Cheikh la naissance d’un fils et il lui donna le nom de Sokhna Maïmounatou. C’est ainsi que le Cheikh eu deux filles qui portent le même nom. Pour distinguer les deux sœurs on appelait l’aînée Sokhna Maïmounatou « koubrâ » et la sœur cadette Sokhna Maïmounatou » Soukhrâ.
Après ses études coraniques, Cheikh Ahmadou Bamba la confia à l’érudit Serigne Mbacké Bousso qui l’initia aux sciences religieuses. Elle maîtrisa sous son ombre les sciences fondamentales que sont la Théologie (Tawhîd), Jurisprudence (Fiqh) et soufisme ou mystique musulmane (Taçawwûf). Elle eu également une parfaite maitrise de la langue arabe comme en témoignent les nombreux poèmes de haute facture composés dans cette langue. Elle a également écrit des poèmes en langue wolof sur la base de la métrique arabe.
Cheikhoul Khadim la confia par la suite à sa fille ainée Sokhna Faty Dia Mbacké pour parfaire son éducation spirituelle (Tarbiyyah). Elle accordait une grande considération à cette dernière ; elle la considérait comme son guide spirituel et ne faisait rien sans ses ordres.
On raconte à son sujet une anecdote pleine d’enseignement en guise d’illustration. Un jour alors que Sokhna Maïmounatou était à Kaolack, (une ville distante de TOUBA de 160 km) un photographe voulut la photographier. Elle dit à ce dernier que cela ne pourrait être possible qu’avec l’autorisation de Sokhna Faty Dia. Le photographe quitta Kaolack pour aller à Touba et revenir avec une autorisation écrite de Sokhna Faty Dia. C’est alors qu’elle accepta. D’ailleurs c’est la seule photo qu’on lui connaît. A l’instar de ses frères et sœurs, Sokhna Maïmounatou Mbacké avait troqué le lien de sang contre le serment d’allégeance à Cheikhoul khadim.
Son œuvre
Sokhna Maïmounatou Mbacké pourrait-on dire n’avait rien à ’envier aux premières femmes vertueuses de l’Islam dont l’histoire retient toujours les noms. Tout dans son comportement, ses actes et paroles renvoient à des épisodes de la vie de ces pieuses anciennes dont l’existence est remplie d’actions dévotes. Elle avait comme référence sa pieuse grand-mère Sokhna Mariama Bousso appelée (la voisine de DIEU, « Diaratu-l-Lâh »).
Sa maison était un centre de formation et d’éducation spirituelle pour les filles qui lui étaient confiées. En dehors de l’enseignement coranique et religieux, elle leur enseignait l’histoire du prophète de l’Islam (paix et salut sur lui), la vie de ses compagnons et celui du serviteur (Khadimou-r-Rassoul). L’objectif de tous ses récits était de faire de ses élèves des musulmanes dévouées.
A côté de l’enseignement théorique, elle formait aussi les jeunes filles qui lui étaient confiées à l’exercice des travaux domestiques. On rapporte qu’elle leur donnait des versets coraniques et des vers de Qaçâids à réciter pendant qu’elles préparaient le couscous.
Sokhna Maïmounatou ne se restait jamais sans rien faire. Serigne Abdoul Ahad Mbacké troisième khalife général des mourides qui lui rendait souvent visite témoigne que : « chaque fois qu’on voyait Sokhna Maïmounatou, elle était occupée ; un extrait du Coran était toujours entre ses mains et la prise en charge des enfants n’était jamais en souffrance. Elle ne manquait jamais dans l’éducation qu’elle prodiguait de faire des causeries sur le Cheikh. Les travaux au sein du foyer étaient de rigueu r.’’
Chaque jour, à l’aube avant même de saluer quelqu’un ou de proférer une parole quelconque, elle s’adonnait constamment à la lecture du coran. Dans sa demeure elle avait aménagée une chambre réservée uniquement pour lecture du livre sacré. Cette chambre était appelée en wolof « Barâgu Alqur’ân » entendez par là ‘’la baraque réservée au saint Coran’’. Sokhna Maï Kabîr était fidèle à la recommandation de Serigne Touba consistant à lire au moins 03 Hizib du saint coran quotidiennement. Elle était attachée au Coran et partout où on la voyait, elle avait un extrait du livre sacré entre ses mains pour lecture et révision.
Partout où elle est passée dans ses ménages, que ce soit chez Serigne Mouhammadou Habib fils de Mame Thierno Birahim Mbacké, ou chez Serigne Mor Sokhna fils de Serigne Mor Diarra ou encore chez son dernier conjoint Serigne Mouhammadou Mamoune fils de Mame Cheikh Anta Mbacké, Sokhna Maï Kabîr s’est distinguée par l’assistance qu’elle prodiguait à la famille du Cheikh, aux pauvres et aux démunis. Elle a aidé beaucoup de membres de sa famille et de son entourage à fonder des foyers. En savant qui met en pratique son savoir, elle entretenait des relations solides avec tous les membres de la famille du Cheikh et les assistait constamment. Elle était en perpétuelle quête de l’agrément de Serigne Touba à travers les services qu’elle rendait à ses proches, aux talibés et dans la mise en exécution de ses recommandations.
Ses qualités vertueuses
De par ses vertus Sokhna Maïmounatou est une référence pour notre génération en perte de repères. Ses qualités, ses bonnes actions et son comportement exemplaire, font indubitablement d’elle l’une des « çâlihat » (vertueuses) dont la vie est une leçon pour les générations contemporaines et futures.
Elle était un savant qui mettait son savoir en pratique. Elle était pieuse, juste, généreuse et n’accordait aucune importance à ce bas-monde. Son seul objectif étant l’agrément de DIEU, de son prophète (Paix et Salut Sur Lui) et de son guide spirituel Khadimou Rassoul. Son mépris pour ce bas monde était tel qu’elle ne portait ni or, ni argent, ni des parures de valeur. Elle était constamment en préparation pour l’au-delà comme le recommande le Cheikh dans ses écrits. Avec une crainte révérencielle sans commune mesure, elle vivifiait les nuits et adorait toujours son Seigneur.
Sokhna Maïmounatou était ouverte, dévouée et motivée pour la cause de Dieu. Elle incarnait toutes les bonnes vertus recommandées par le saint coran. Elle était le recours des démunis et des pauvres. Elle leur distribuait des habits et n’a jamais laissé un nécessiteux retourner les mains vides. En somme, Sokhna Maï Kabîr était : Mûminatât (croyante), Muslimât (pratiquante), Muhsinât (vertueuse).
Sa production littéraire
L’immensité de son savoir se perçoit à travers l’importance et la richesse de sa production littéraire. On pourrait même dire qu’elle a beaucoup hérité de son vénéré père dans ce domaine. Sa production littéraire aussi bien en arabe qu’en wolof (langue nationale du Sénégal) laisse percevoir sa grande vertu, sa foi intense en Dieu et son amour profond pour le Cheikh. Ses écrits témoignent de sa vaste érudition. A travers ses écrits, elle enseigne les qualités telles que : •la crainte révérencielle
•le repentir •la reconnaissance
•l’unicité de Dieu
•le retour constant au Seigneur
•l’amour envers les croyantes et croyants.
L’histoire n’a pas encore retenu une femme qui a composé des poèmes faisant l’éloge de sa coépouse ; pourtant Sokhna Maïmounatou l’a fait à la disparition de sa voisine Sokhna Astou Mbacké fille de Serigne Mor Diarra avec qui elle était chez Serigne Mouhammadou Mamoune Mbacké à Darou Salam. Dans ce poème, Sokhna Maïmounatou est allée jusqu’à dire « Je jure par DIEU qu’elle est meilleure que moi ».
Dans ses poèmes Sokhna Maï Kabîr se distingue par l’amour qu’elle a pour le mois de Ramadan et de Rabîc ul Awwal (mois de la naissance du prophète Muhammad (Paix et Salut sur Lui) ; certainement elle imite son vénéré père dans la considération qu’il accordait à ces mois. Elle manifestait une joie intense à l’entame de ces deux mois et affichait une tristesse quand ils tiraient à leur fin.
On remarque aussi dans ses écrits des prières et implorations pour une constance dans le droit chemin, une foi ardente, un abandon du bas-monde et une fin heureuse. Dans ses écrits on note aussi une recherche de l’agrément de Serigne Touba, une croyance au décret divin, d’autres formes d’enseignements et d’exhortations .
Sokhna Maïmounatou est une référence et un modèle pour les femmes de toutes les générations.
La recherche du savoir comme l’enseigne le prophète étant une obligation pour tout musulman et musulmane, Sokhna Maïmounatou en fit un sacerdoce comme son père Cheikh Ahmadou Bamba qui accordait une grande importance à la recherche du savoir aussi bien pour les garçons que pour les filles.
On rapporte qu’un jour il demanda à un disciple du nom de Mabandji Ndiaye : ’’ où est la fille d’un tel ?’’
Ce dernier lui répondit : « Si elle était un garçon, elle serait à l’école coranique en ce moment ».
Le Cheikh lui rétorqua : « et étant une fille ? Sans attendre, il répondit : ’’Ils sont égaux’’ et répéta cela trois fois.
La science est le fondement de la religion et elle a plus de mérite que l’argent en quatre choses.
1-Le détenteur de la science accepte constamment les sollicitations qui lui parviennent alors que celui qui possède de l’argent n’accepte toujours pas qu’on le sollicite à tout moment.
2-C’est la science qui sécurise son détenteur alors que c’est l’homme qui prend toujours garde de ses biens.
3-Le fait de donner ne diminue pas les connaissances alors que l’argent diminue quand on y prélève une somme.
4-Le savoir est le fondement de toutes les actions et précède son détenteur dans sa demeure de l’au-delà alors que l’argent étant une affaire de ce bas-monde, l’homme meurt et l’abandonne aux autres. Sokhna Maïmounatou Mbacké Koubrâ était consciente de ces enseignements de Serigne Touba.
Cette fille exemplaire de Cheikhoul Khadim a quitté ce bas monde en 1966 après avoir formé et éduqué toute une génération de femmes, de filles en commençant par ses propres enfants qui sont par la volonté de DIEU tous devenus des autorités religieuses.
Elle a répondu présente au rendez- vous que DIEU réserve à ses vertueuses créatures en ce termes : « "Ô toi, âme apaisée, retourne vers ton Seigneur, satisfaite et agréée ; entre donc parmi Mes serviteurs, et entre dans Mon Paradis » (sourate 89 versets 27 à 30)
Puisse DIEU, par le Grâce de l’Elu le plus pur « Al Muçtafâ) et la bénédiction du Maître Serviteur Cheikhoul Khadim continuer à déverser éternellement ses grâces, sa miséricorde et son agrément sur cette pieuse adoratrice Maymûnatul Bintul Khadîm .
La progéniture de Soxna Maïmounatou Mbacké Koubra
De Serigne Modou Habîb fils de Mame Thierno Birâhim Mbacké est issu Serigne Moustapha Maï, fils ainé de Soxna Maïmounatou Mbacké Koubra. Il est l’actuel khalif de Serigne Modou Habîb.
De Serigne Mor Sokhna fils aîné de Serigne Mame Mor Diarra Mbacké sont nés Serigne Mor Maïmounatou et Serigne Cheikh Maïmounatou. Serigne Mor Maïmounatou est aujourd’hui rappelé à Dieu.
Avec Serigne Modou Mamoune fils aîné de Mame Cheikh Anta Mbacké « Boroom Gawaane », Sokhna Maïmounatou a eu Serigne Hamdy, Serigne Abo, Sokhna Toro, Sokhna Anta Ndiaye Mbacké plus connue sous le nom de Sokhna « Yakkalé ».
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